Notebook

Mémoires du corps /féminin. Notes quotidiennes sur ma recherche.

30 avril 2020

A 10h/ 10 min de danse en relation avec la respiration et en s’appuyant sur l’air. Lecture du texte sur la notion d’intériorité en danse contemporaine dans la revue « Repaires. Cahier de danse » : »

« La notion d’intériorité traverse les discours et les pratiques de la danse au XXe siècle. « Pendant des heures, je demeurais debout, immobile, les mains croisées entre mes seins, à la hauteur du plexus solaire […] Je cherchais, et je finis par découvrir le ressort central de tout mouvement. » Dans cette citation d’Isadora Duncan, l’historien Mark Franko reconnaît le mythe fondateur de la modernité en danse. Trouver le moteur dans le corps même signifiait que l’espace-temps de la danse était celui du corps, désormais porteur du sens et autonome par rapport à tout code ou vocabulaire gestuel préétabli.
[…]L’intériorité, chez les pionniers de la danse moderne, bien souvent n’était pas purement « du corps » mais quelque chose de logé dans le corps et exprimé par le corps: « âme » dans le plexus solaire chez Duncan, « psyché » dans la contraction abdominale chez Graham, « dynamique vitale » dans le fall-recovery de Humphrey, pour ne citer que ces exemples. C’est dans la génération post -Cunningham, mais aussi avec l’utilisation des techniques somatiques, que l’intériorité investit un autre registre, celui de la sensation, du travail postural, de la proprioception comme moyen et fin en soi. » https://www.cairn.info/revue-reperes-cahier-de-danse-2009-2.htm

1 mai 2020

10h : danser les volumes en alternance avec l’attention sur les pieds. Tête, poitrine, bassin: les structures osseuses de protections du cerveau, du coeur, de l’utérus; les sculptures vivantes qui me constituent avec mon histoire empreinte dans leurs blocages ou leurs ouvertures. Plaisir de les vivre en mouvement. Ma cage thoracique, une vraie cage, une boite, le volume rigide, authentique bouclier. Touche pas à mon coeur.

Mon chemin :

  1. Expérimenter le mouvement imprégnée du rêve. Faire couler en mouvement les images encore présentes sous les paupières. Mi-images, mi-feelings.
  2. Extraire du mouvement les images (mi-images/mi-feelings); les faire naitre des différentes parties du corps. Continuer mon aventure commencée par les images apparues par mon travail du bassin en somatiques. Etrange vision de revivre son propre accouchement. Le corps m’emmène vers mon omoplate droit.
  3. Travailler les sensations en mouvement (différents degrés d’intensité) et en respiration avec l’attention porté sur un organe. L’utérus.

2 mai 2020

en train de procréer un enfant-esprit, patiemment, douloureusement, à partir de sa propre chair, de ses propres os … à la recherche de ma peau de phoque et de restaurer ma connaissance profonde, océanique

8 mai 2020

danser sa peau, son enveloppe, déverser dedans le contenu, sentir la frontière et sa porosité // « la peau, la fourrure représente un état affectif et une façon d’être au monde cohérents, qui appartiennent à l’âme et à la nature sauvage féminine » C. Pinkola Estes Les femmes qui courent avec les loups », p. 364 // travailler le retour chez soi féminin// je pense à Beuys version féminine // femme-phoque// et je danse souvent le corps mourant de mon chat, il devenait de plus en plus liquide dans mes bras, une peau remplis des os, filigrane et léger, de moins en moins chaud // et je danse à me pardonner ce que je vois en moi //

25 mai

je danse ma limite/ j’en suis arrivée/ je me regagne vraiment/ mon espace/ mon territoire/ premier geste du féminisme / je ne la bougerai plus/ je l’ai expérimenté/ l’inconfort de se trahir/ ma louve part avec moi/ elle a déjà assez hurlé/ elle emporte son petit et son amour/ j’aime les ombres de ma forêt/ je savoure la fierté d’être soi-même// je ne caresserai plus cette main// ma sueur sent différemment/ il est l’heure //

14 juin

j’étends le linge sur la terrasse de ma maison de campagne et je sens en moi cette mémoire de toutes les femmes qui l’ont fait, qui le font, les femmes de l’est les femmes du Sud// l’odeur de la pluie passée/ le blanc et la raideur du tissu mouillée// non pas la rage contre // je me concentre sur mes épaules, mes bras qui font l’effort/ je vois cette image du linge étendu/ les images des femmes, des champs, des draps défilent en moi// je laisse le reste dans la machine, mon corps désire de mettre ça en mouvement

1 décembre 2020

bouger les feelings très intériorisés, descendre dans l’utérus, sentir sa connexion à l’imagination/ les images qui tombent/ extraire du mouvement le courage de vivre depuis le senti viscéral, je bouge mon plaisir d’habiter mon corps, les énergies entrent par mes pieds, les énergies répondent depuis mon ventre, mon baromètre// avoir confiance en soi: avoir la relation vive avec son corps, écouter ses messages, les prendre en compte, détrôner la tête avec sa narration répétitive // j’ose accueillir le moi-animal et depuis ce senti, je danse paisiblement// mon chat me rend visite à travers mes mouvements //